Ananas : guide complet sur ce fruit d’exception
Parfum des parfums, c’est ainsi que les amérindiens nommèrent l’ananas, eux qui connaissent et cultivent ce fruit depuis fort longtemps. En Europe, il aura fallu attendre les voyages de Christophe Colomb pour que ce fruit à la chair jaune, sucrée, fibreuse et juteuse fasse une entrée fracassante sur les grandes tables de l’Ancien Monde, jusqu’au roi Louis XV qui affirma même trouver « ce fruit très bon » !
On croise maintenant tous les jours de beaux ananas à la peau dorée lorsque l’on fait ses courses, pourtant bien des mystères entourent encore ce fruit exotique : à quoi ressemble l’arbre qui donne les ananas ? de quel pays est-il originaire ? comment sublimer ses saveurs en le cuisinant rôti ou flambé ? est-il vraiment l’aliment minceur par excellence ?
I] Ananas : tout savoir en 2 minutes sur ce fruit merveilleux
On connait tous l’ananas, ce beau fruit à l’écorce orangée dorée et piquante, chapeautée de feuilles aussi vertes et coriaces qu’est jaune et tendre sa chair qui se déguste crue, cuite, rôtie, voir même flambée.
Mais il regorge aussi d’histoires moins connues et d’anecdotes étonnantes que l’on vous invite à découvrir dans cet article.
1
Origine, propagation et anecdotes
Originaire du sud du Brésil et du Paraguay, l’ananas fut rapidement domestiqué par les peuples de ces régions, qui le répandirent plus largement en Amérique du Sud et Centrale, jusqu’au Mexique et les Antilles, bien avant l’arrivée des européens. C’est en 1493 que Christophe Colomb et son équipage rencontrèrent l’ananas pour la première fois, sur l’île de la Guadeloupe, puis au Panama en 1502.
Symbole d’amitié et d’hospitalité pour les peuples des Caraïbes, l’ananas apporta avec lui ce symbolisme en Europe, où il fut souvent gravé au dessus des portes d’entrée des maisons, en Espagne et en Angleterre, puis en Nouvelle Angleterre, province du Canada.
Les espagnols, puis les portugais, introduisirent l’ananas dans d’autres parties du monde, à partir du début du 16ème siècle, en Asie via les Philippines, aux États-Unis via Hawaï puis en Inde et sur les côtes africaines. L’introduction en Europe fut plus tardive, car il fallut attendre les années 1650, où les premiers spécimens furent cultivés sous serre. Si les tentatives de culture en Europe furent longtemps infructueuses, elles devinrent étonnamment florissantes à partir de 1712, jusqu’à la fin du XVIIème siècle.
Parmi les zones de culture inattendues, l’ananas fut cultivé, sous serre, à Bordeaux, à partir des années 1720, après que le roi Louis XV ait affirmé trouver ce fruit très bon. L’engouement pour cette culture européenne atypique prit cependant fin lorsque les importations des régions tropicales rapportèrent des fruits de bien meilleure qualité à des prix défiant toute concurrence.
2
L'arbre qui porte les ananas
Et non, l’ananas n’est pas un arbre ! C’est une espèce terrestre de plante herbacée atteignant généralement 1.5 mètres en tout sens. La tige est assez courte et robuste, elle est entourée de feuilles à chair ferme et lustrée, aux allures de grosses lanières pointues, généralement bordées de petites épines.
Plantation d’ananas en Inde
Au moment de la floraison, la tige va s’allonger et s’élargir au sommet pour laisser apparaître des fleurs rouges ou violettes, chacune d’entre elles accompagnées par une branchetée rouge, verte ou jaunâtre. La tige va continuer sa croissance jusqu’à arborer au sommet des fleurs une touffe compacte de petites feuilles rigide, appelées couronne ou plumet. De façon occasionnelle, un plan peut porter 2 ou 3 têtes fleuries, voire 12 fusionnées ensemble. Mais c’est généralement une et unique tête qui naît sur chaque plan.
Ce sont ces groupes de fleurs qui vont ensuite donner naissance au fruit. En effet, les fleurs grandissent séparément pour former autant de baies distinctes, qui finissent par se joindre les unes aux autres pour ne former au final qu’un seul et unique fruit.
Chaque ananas est donc le résultat de la croissance puis de la fusion de dizaines de fleurs individuelles.
Il est intéressant de noter que la pollinisation de ces fleurs, et donc leur fertilisation, va engendrer le développement de petites graines dures à l’intérieur du fruit. La présence de ces graines dégradant considérablement le plaisir lors de la dégustation de ce fruit, les producteurs d’ananas vont donc chercher à éviter toute pollinisation de ces fleurs.
L’unique pollinisateur étant le colibris, ou oiseau-mouche, il n’est pas le bien-venu dans les plantations d’ananas. C’est notamment le cas d’Hawaï, où l’oiseau mouche n’existe pas à l’état naturel, et qui interdit formellement toute introduction de cette variété d’oiseau pour prévenir tout risque de pollinisation dans les cultures !
3
Ananas en anglais et autres langues
Le mot « ananas » vient du langage amérindien naná naná, signifiant « parfum des parfums ». Un nom évocateur, un bel hommage pour ce fruit délicieux.
En anglais, le nom du fruit perd de son exotisme, il est plus banalement nommé pineapple, litéralement « pomme de pin », en référence à l’aspect de l’écorce d’ananas, qui peut évoquer en quelque sorte une pomme de pin.
Dans les pays de langue espagnole, il est couramment appelé pina, abacaxi en langue portugaise, et nanas en Asie méridionale.
II] Bienfaits et vertus de l’ananas
Nombreux sont les amateurs de l’ananas, et c’est tant mieux, car ce fruit non content d’être délicieux est définitivement bon pour l’organisme.
1
Calories et analyse nutritionnelle
Dans une portion de 100 grammes d’ananas comestible, on retrouve environ :
– eau : 90 g
– calories : 54 kcal
– fibres : 0.5 g
– calcium : 30 mg
– phosphore : 10 mg
– fer : 1 mg
– manganèse : 3.6 mg
– carotene : 0.05 mg
– thiamine ou vitamine B1 : 0.1 mg
– riboflavine ou vitamine B2 : 0.03 mg
– vitamine B3 : 0.2 mg
– vitamine C (acide ascorbique) : entre 27 et 160 mg
On le voit, avec 54 kcal, l’ananas est un fruit à l’apport calorique modéré, à peu près équivalent à celui d’une pomme. On peut donc le consommer sans trop de complexe.
2
Autres bienfaits
Grâce à son apport en fibre, l’ananas est un fruit qui aide à réguler le transit intestinal.
Les bonnes teneurs en vitamine C et en carotène font également de ce fruit un bon anti-oxydant, parfait pour ralentir le vieillissement cellulaire et le développement de cellules cancéreuses.
Une particularité de l’ananas est de contenir du manganèse, un élément essentiel pour la santé des os, ce qui est parfaitement complété par l’apport de calcium. Consommer de l’ananas va donc aider à réduire la perte de densité osseuse.
3
L'ananas fait-il vraiment perdre du poids ?
On voit souvent sur internet ou dans les télé-achats à la télévision des pilules ou compléments alimentaires sensés avoir un effet drastique sur la perte de poids, présentés comme des « brûles-graisses ».
On entend même parfois que l’ananas serait un aliment à « calories négatives »… C’est à dire dont l’énergie mise en oeuvre pour le digérer serait supérieur aux calories apportées par le fruit lui même…
Soyons clair, tout ceci est faux, et simplement du discours marketing malhonnête. Certes nous l’avons vu, l’apport en calories de l’ananas est modéré, mais ce fruit ne fait pas de miracle sur la perte de poids.
La raison pour laquelle cette rumeur est véhiculée est la suivante : l’ananas, mais surtout les feuilles et la tige, produit de la bromélise. Il s’agit d’une enzyme agissant sur les protéines, ce qui pourrait justifier un pouvoir d’élimination de certains produits en excès. Mais cette enzyme n’agit en aucun cas sur les graisses, et est bien moins efficace sur les protéines que d’autres enzymes créées naturellement par le corps humain.
III] L’ananas en recette
L’ananas se déguste bien évidemment cru, sans autre apparat que son goût déjà magique en lui même. Cependant, une touche de préparation et quelques minutes sur le feu peuvent venir embellir un peu plus ce fruit délicieux.
1
Ananas rôti, au four ou à la poêle
Rôti, voilà une astucieuse manière de préparer l’ananas en dessert. La cuisson va attendrir sa chair sucrée, lui faire révéler la pleine mesure de ses saveurs. Et le sucre ajouté lors de la cuisson va délicieusement se caraméliser et offrir encore plus de gourmandise en bouche !
Il est facile de réaliser les recettes d’ananas rôti, aussi bien à la poêle qu’au four.
Pour cela, il faut commencer par détailler l’ananas en tranches, pas trop fines pour garder de la tenue à la cuisson. On peut également les couper dans les sens de la hauteur, pour obtenir des sortes de « quartiers d’ananas ».
Pour une cuisson à la poêle, on peut directement placer les tranches de fruit sans ajout de matière grasse, en saupoudrant de sucre de canne. On cuit quelques minutes de chaque côté, le temps que la chair prenne une belle couleur dorée.
Pour une cuisson au four, un préchauffage à 180°C (thermostat 6) est suffisant. On dépose ensuite les morceaux de fruit sur une plaque allant au four, toujours saupoudrés de sucre de canne, et on laisse cuire un trentaine de minutes.
A servir chaud, délice assuré !
2
Ananas flambé
L’ananas flambé, c’est un peu le niveau supérieur de l’ananas rôti ! Pour pousser un cran au dessus le délice, une fois vos ananas rôtis réalisés, il est en effet possible de les flamber ! Alors là, succès garanti pour les papilles !
Flambé au rhum ou au cognac, agrémenté de spéculos, vanille, cannelle, voir de caramel et beurre demi-sel, les variantes sont nombreuses mais une chose est sûre, elles sont toutes plus délicieuses les unes que les autres.
On vous présente ici en quelques lignes une recette facile et délicieuse d’ananas flambé au rhum saupoudré de noix de muscade, cannelle et sucre :
1. Commencez par détailler l’ananas en rondelle, inutile de retirer le coeur si l’ananas est bien mûr, la cuisson finira de l’attendrir
2. Dans un bol, pressez le jus de 2 oranges et d’un demi citron jaune. Mélangez-y une pincée de noix de muscade et de cannelle en poudre, 5 cuillères à soupe de sucre de canne et une goutte d’extrait de vanille
3. Dans une poêle, saisir 3 minutes de chaque coté les tranches dans un peu de matières grasses (beurre)
4. Quand les tranches sont bien dorées, versez dessus la préparation à base de jus d’agrumes et laissez évaporer quelques instants
5. Versez 10cl de rhum, et faites flamber !
Il ne reste plus qu’à déguster ces délicieuses tranches d’ananas flambées !
3
Ananas mûr : signes extérieurs de qualité
Pour choisir le bon ananas, fiez-vous à vos 5 sens, en prêtant attention aux points suivants :
1. Son odeur : mûr, il dégage une agréable odeur sucrée et parfumée lorsqu’on le porte à nos narines. Si l’ananas ne sent rien, c’est qu’il n’est pas encore mûr. S’il dégage une odeur un peu vinaigrée, c’est qu’il est en sur-maturation
2. Sa couleur : pour la variété d’ananas la plus couramment rencontrée, la variété Cayenne, la robe prend une belle couleur dorée ou jaune/orangée lorsque ce fruit est à point. Non mûr, l’ananas Cayenne arborera des reflets verts, tandis que si il est trop mûr, des tâches noires feront leur apparition
3. Son poids : mûr ce fruit doit être lourd en main
4. Sa texture : même mûr à point, la chair de l’ananas doit rester ferme sur toute la surface du fruit. Lorsqu’on applique une légère pression avec les doigts, la chair doit présenter une certaine résistance, tout en étant légèrement molle
5. Ses feuilles : appelées plumet, les feuilles d’un ananas mûr doivent être vertes, adhérer au fruit tout en se laissant détacher lorsque l’on tire délicatement dessus. C’est alors signe que votre ananas est mûr à coeur.
Pour continuer d’apprendre :
– La Papaye, un incontournable exotique
– La Sapote noire : du chocolat dans un fruit
– La Goyave, comme un vent d’exotisme dans la cuisine