Bigarade : guide complet

La bigarade, un nom qui porte avec lui tous les rayons du soleil. À maturité au coeur de l’hiver, sa chaude couleur orangée égaye les rues et ruelles de la belle Côte d’Azur. La bigarade ne se résume cependant pas à ces allées d’arbres méditerranéennes, c’est aussi un incontournable des parfums et de la gastronomie grâce aux arômes envoûtants libérés par son fruit et ses fleurs.

Certes, vous ne croquerez pas à pleines dents dans cet agrume plutôt amer, mais la bigarade a bien d’autres atouts pour vous séduire.

I] Bigarade: tout savoir en 2 minutes sur cet agrume

Orange amère est d’ailleurs une autre appellation de la bigarade, tout comme Orange de Séville.

Si la première fait référence au goût particulièrement amer de cet agrume, la seconde viendrait du fait que l’Andalousie est depuis près de 1000 ans une grande zone de culture de la bigarade.

Le bigaradier, de son nom latin Citrus aurantium, est un arbre de la famille des rutacées. Cet arbre peut mesurer jusqu’à 10 mètres, est doté d’épines pointues et revêt des feuilles ovales. Ces dernières ont la particularité d’être luisantes et persistantes, plus foncées que celles de son cousin l’Oranger doux.

Originaire des pentes méridionales de l’Himalaya, le brigaradier est rapporté tout d’abord en Moyen-Orient par les navigateurs arabes. Or, ce sont égalemment ces derniers qui l’introduirent en Europe, via l’Espagne et la Sicile italienne, avant le Xème siècle.

Lorsqu’approche la saison de sa floraison (avril/mai), le bigaradier se pare de mille et une fleurs blanches au parfum enivrant. Les parfumiers de la région de Grasse sont d’ailleurs pour beaucoup tombés en amour pour ces petites étoiles blanches, et ont incorporé le parfum de bigaradier dans de nombreuses créations olfactives. Si l’automne est doux, une seconde floraison peut avoir lieu aux alentours du mois d’octobre.

La bigarade est un fruit qui ressemble à l’Orange Douce commune. Il est cependant un peu plus petit et d’un orange un peu plus sombre. En revanche, ce qui permet de le distinguer sans faute, c’est bien son amertume, qui rend ce fruit impropre à une consommation crue. Elle est en revanche très utilisée en cuisine ou en usage thérapeutique.

De plus, le bigaradier est un agrume qui tolère plutôt bien le froid. En effet, des pics passagers à -10°C ne lui sont pas fatals, contrairement à d’autres agrumes come la bergamote ou le cédrat. On retrouve donc très couramment des bigaradiers sur tout le pourtour méditerranéen, et également de façon plus ponctuelle un peu plus en avant à l’intérieur des terres.

Les principales zones de cultures commerciales du bigardier restent cependant le sud de la France, l’Espagne et le sud de l’Italie (Calabre et Sicile).

Sur la Côte d’Azur française, le bigardier est cultivé depuis plus de 100 ans pour le parfum de ses fleurs, proximité de Grasse oblige. L’eau de fleur d’oranger utilisée en pâtisserie est également obtenue grâce à la distillation de la petite fleur blanche de bigaradier. Toutefois, la culture du bigaradier a bien reculé avec le temps : on ne compte plus que 5 à 6 tonnes de fleurs d’oranger récoltées chaque année, contre plus de 1800 tonnes récoltées en 1912, année record.

La bigarade arrive à maturité avec les premiers froids de l’hiver. Ainsi, la récolte du fruit a généralement lieu en décembre/janvier tandis que les fleurs se récoltent de la fin avril à la mi-mai.

C’est indéniablement grâce au parfum de sa fleur et de son fruit que le brigadier se cultive depuis plus de 1000 ans ! Aussi, contrairement à la plupart des végétaux, ce n’est pas uniquement la fleur qui s’utilise pour obtenir de délicats parfums…

En effet, avec cette championne des parfums, ce sont tous les élèments de la plantes qui sont utiles pour obtenir des fragances uniques :

– La fleur : la distillation des fleurs de bigaradier permet d’extraire l’huile essentielle de fleur d’oranger, aussi appelé neroli. Ce sont les parfumeries qui seront les premieres utilisatrices de cette huile essentielle de bigarade, principalement en raison de la puissance du parfum qui la rend difficile à doser en cuisine (et aussi en raison de son coût).

– L’eau utilisée lors de l’extraction de cette huile essentielle de neroli ressort parfumée de cette opération. Elle donne ce qu’on appelle l’eau de fleur d’oranger. L’eau de fleur d’oranger est quant à elle tès largement répendue en pâtisserie, apportant une touche fraîche et dépaysante à de nombreux desserts sucrés, commme les brioches, crèpes ou autres crèmes brulées.

– Les feuilles ainsi que les jeunes tiges du bigaradier permettent eux l’extraction de l’essence de petitgrain. Cette extraction est réalisé via le processus de distillation par la vapeur. Le petitgrain fait ressortir des notes boisées au doux parfum de fleur d’oranger.

– L’écorce de bigarade est elle aussi très utilisée pour parfumer plats cuisinés, pâtisseries ou liqueurs. Elle entre par exemple dans la composition du Cointreau et du Curaçao. Confite elle s’invite aussi dans de nombreux gateaux, notamment le Panettone, la traditionnelle brioche italienne de Noël.

– Enfin, même les pépins de la bigarade sont utilisés pour extraire une huile, aux vertues thérapeutiques.

II] La bigarade: bienfaits et usages

La bigarade est un véritable trésor pour le corps humain. Mis à part le plaisir sensoriel induit par les fragances enivrantes extraites de cet agrume, la bigarade révèle être une source de multiples bienfaits pour notre organisme.

La bigarade est un fruit aux multiples vertus. Son utilisation se fait aussi bien en usage interne qu’en usage externe. C’est un agrume riche en antioxydants (de part sa forte teneur en acide ascorbique), la bigarade se présente donc comme un fortifiant très puissant. Couplé avec sa teneur en vitamine B, elle se révèle être très efficace pour garantir la santé et fortifier la peau, les ongles et les cheveux.

À noter, par exemple, son action efficace contre les affections cutanées telles l’acné mais aussi les furoncles, par application du fruit frais tranché directement sur les zones affectées.

Les décoctions de feuilles (c’est à dire, des feuilles plongées dans de l’eau, portée ensuite à ébullition) de bigaradier ont prouvé leur pouvoir sudorifique, antispasmodique et stimulant. Les fleurs, préparées en sirop, auraient un effet sédatif et favoriseraient le sommeil.

A noter également que l’huile obtenue à partir des pépins de bigarade se connait aussi pour réduire le taux de cholestérol dans le sang. Cette étonnante propriété s’explique par sa forte teneur en acide linolénique.

L’huile essentielle de bigarade possède aussi de nombreuses vertus médicinales. Ainsi, elle aurait des pouvoirs anti-infectieux, stimulerait la digestion, fluidifierait le sang, et agirait comme calmante et apaisante pour notre système nerveux. De même, elle offrirait un traitement efficace contre les cheveux gras et les pellicules, et aurait même le pouvoir de calmer les douleurs articulaires et musculaires.

L’écorce de bigarade est également utilisée en tant que complément alimentaire pour ses propriétés de coupe-faim, ce qui peut en faire un allié de choix pour les personnes souhaitant perdre du poids.

Comme avec toute huile essentielle, il est toujours conseillé de consulter un thérapeute avant toute utilisation. Bien que l’une des huiles essentielles florales les plus utilisée en parfumerie, l’utilisation de l’essence de neroli ne doit pas se faire à la légère. En effet, comme toutes les huiles essentielles, l’huile de neroli est irritante, photosensibilisante et également connue comme allergène. Son utilisation doit donc se faire de façon très précautionneuse.

Ceci étant dit, l’essence de neroli peut s’utiliser de diverses manières:

– En application cutannée et en massage : en mélange avec une huile végétale, il est possible d’appliquer directement l’essence de neroli sur les zones à traiter, cheveux, peaux, articulations.

– Par inhalation, via l’ajout de quelques gouttes d’essence dans de l’eau chaude, ou dans un mouchoir pour une inhalation de temps en temps.

– En diffusion, via un diffuseur d’huiles essentielles, vous bénéficirez ainsi des vertues calmantes et anti-fatigue de l’orange amère.

Pour une idée recette, il est possible de cuisiner la célèbre sauce bigarade. Ce classique de la cuisine française est facile à réaliser, et toujours agréable à déguster. Cette une sauce aigre-douce fait partie des monuments de la cuisine française. Toutefois, elle ne s’est toujours pas démodée et accompagne à merveille volailles et gibiers, le must du must étant bien évidemment le renommé Canard à l’Orange.

III] Les petits secrets de la bigarade

Cultivée depuis plus de 1000 ans, la bigarade se retrouve maintenant un peu partout dans le monde, en cuisine, en parfumerie, en ébénisterie ; dans des utilisations parfois insolites.

Peut-être est-ce l’utilisation culinaire la plus connue de la bigarade, la fameuse marmelade d’orange amère. Cette fameuse marmelade anglaise daterait du 17ème siècle, et reste le témoin des importants échanges commerciaux qui avaient lieux entre l’Angleterre d’un côté, le Portugal et l’Espagne de l’autre.

Le parfum inimitable de cette marmelade est sans compromis : soit on l’adore, soit on la déteste. Et quand on l’adore, elle a le pouvoir de réchauffer le plus froid des matins d’hiver !

Le bois de bigaradier est très dur, très beau, et plutôt pâle. Il est de ce fait très apprécié en ébénisterie. À noter un usage inattendu du bois de bigaradier : c’est le bois utilisé à Cuba pour façonner les battes de base-ball !

Si la bigarade n’existait pas, ce serait des produits emblématiques de notre époque qui n’auraient simplement jamais vu le jour. Le roi des parfums, le Chanel N°5, n’aurait pas gagné le coeur des femmes du monde entier sans ses notes de neroli. Entrant dans la composition des notes de tête, l’essence de neroli apporte de la fraîcheur tout en équilibrant le bouquet floral de ce parfum.

Le roi des sodas, le Coca-Cola, n’aurait lui aussi pas le même goût sans notre fameuse bigarade ! En effet l’essence de neroli serait l’un des ingrédients de la fameuse recette secrète du Coca-Cola…

Pour continuer d’apprendre :
– Le yuzu, plus méconnu en France, mais tout antant ancré dans la culture japonaise
– Le limette : sorte de citron vert à la pulpe orangée
– Le kalamsi : venez goûter ce jus hors du commun